C’est le temps de réfléchir à comment minimiser à long terme les dommages des inondations

Photo: Josh McIntyre

Photo: Josh McIntyre

Les berges du fleuve Saint-Jean sont inondées régulièrement, mais les inondations de 2018 ont été particulièrement sévères à cause de la vitesse de l’inondation et du temps qu’il a fallu pour que les eaux se retirent. Je n’oublierai jamais mon inquiétude quand les eaux du fleuve ont envahi l’allée centrale de mon autobus qui se déplaçait lentement sur mon trajet matinal vers le parlement. J’ai alors compris que beaucoup de gens seraient inondés, et effectivement c’est ce qui est arrivé.

Le niveau du fleuve s’est élevé rapidement parce que la neige avait fondu hâtivement. Avec ces variations dramatiques de températures, au-dessus de zéro le jour et en dessous du point de congélation la nuit, l’eau s’est précipitée dans le fleuve. Il existe des conséquences aux changements climatiques et c’en était juste une autre. Le printemps au Nouveau-Brunswick n’est plus ce qu’il était, alors les données des variations historiques des inondations ne sont plus utiles pour prédire comment le fleuve va réagir à l’avenir.

Tout le monde disait qu’ils n’avaient jamais vu le fleuve se gonfler si rapidement, mais à l’époque des bouleversements climatiques, on devrait plutôt s’attendre à l’imprévu. Combien de fois avons-nous entendu qu’on n’avait jamais subi une tempête de glace comme la dernière, ou un orage comme ce dernier ? Les conséquences des changements climatiques rapides sont devenues des choses courantes au Nouveau-Brunswick. Attendez-vous à l’inattendu.

Les prévisions des impacts des changements climatiques dans notre province remontent à près de 30 ans. Dans le meilleur des cas, elles ont été ignorées, et dans les pires cas elles étaient ridiculisées par les politiciens de l’époque, alors qu’ils auraient dû nous préparer aux interventions nécessaires. À la place, les administrations successives ont continué à permettre les constructions d’édifices et d’infrastructures dans des zones inondables. Les revenus générés par les taxes foncières semblent avoir remplacé toutes autres considérations à long terme des dommages des inondations à venir.

Les réflexions à long terme sont devenues une ressource rare.

Les inondations de 2018 devraient rendre évident que nous devons nous retirer du bord de l’eau. Les administrations provinciales et municipales ont les outils nécessaires pour garantir que les nouvelles constructions se développent en dehors des zones inondables. On doit utiliser ces outils.

Nous devons aussi réfléchir à la façon d’aider les gens à s’éloigner des berges des cours d’eau, comme on a dû le faire à Perth-Andover après l’inondation dévastatrice de 2012. L’administration provinciale a dépensé 8 millions de dollars pour déplacer des résidents à l’abri des inondations, pour acheter des maisons et des commerces situés dans les zones inondables du village. Les revenus de la future taxe fédérale sur la pollution au carbone devraient être utilisés pour déplacer ou surélever des constructions ou bien acheter les maisons des zones inondables où les conséquences des inondations sont les plus dommageables.

Réfléchir à long terme signifie aussi que nous devons concevoir l’avenir de nos forêts et de nos zones humides comme étant des infrastructures naturelles qui contribuent à ralentir le ruissèlement des eaux.

Une des fréquentes recommandations du comité spécial sur les changements climatiques était qu’il fallait planifier les coupes forestières en considérant l’ensemble du bassin versant pour s’assurer que le couvert forestier soit suffisant pour réduire les ruissèlements rapides des pluies abondantes.

Les recherches d’André Plamondon du ministère des Ressources naturelles du Québec ont trouvé que les coupes à blanc dans plus de la moitié d’un bassin versant durant une période de 35 ans, les crues printanières peuvent être suffisamment sévères pour causer des changements physiques aux cours d’eau locaux. Il semble logique que les activités forestières et l’utilisation générale des terres soient planifiées en en considérant le bassin versant, que cela fasse ou non des différences mesurables à l’amplitude des plus récentes inondations.

Les réflexions à long terme exigent un courage politique parce que cela contrarie les visions à court terme des cycles électoraux de quatre années et des bilans financiers trimestriels. Toutefois, les réflexions à court terme sont très risquées comme les inondations du fleuve Saint-Jean de 2018 nous l’ont rappelé.

David Coon est chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick et député de Fredericton-Sud