Nos voisins : Sandy
Quelle joie que de me retrouver dans mon appartement! Comme je suis bien ici! J’avais habité ce logement subventionné pendant deux ans avant d’être expulsée sans justification. L’ancien concierge m’a présenté un avis d’expulsion contre lequel je n’y pouvais rien. Ce geste imprévu s’est produit sans explication et je demeurais perplexe. Si j’avais su alors ce que je sais maintenant, la situation aurait évolué autrement.
J’avais exercé le métier de cuisinière pendant trente ans tout en souffrant des maladies de Crohn et de colite. Plus tard, on a découvert une tumeur cancéreuse dans un de mes poumons. Puisque je n’étais plus capable de supporter la chaleur intense d’une cuisine commerciale, j’ai dû cesser d’exercer mon métier et j’ai fait une demande afin de toucher à une pension d’invalidité.
N’ayant pas les moyens de me payer un appartement, j’ai dû louer une chambre dans une pension. Je payais 375$ par mois, une somme exorbitante quand on tient compte du fait que ma pension d’invalidité mensuelle n’est que 600$. La première chambre que j’ai louée contenait de la moisissure noire et n’était pas saine. La deuxième chambre n’était guère meilleure. Mes voisins étaient toxicomanes. Ce milieu était bizarre et l’atmosphère malsain. Quand je me réveillais durant la nuit, je découvrais souvent mes voisins en train de consommer ma nourriture. Ayant utilisé leur argent pour acheter des stupéfiants, ils étaient incapables de se payer de la nourriture. Puisque je souffre de la maladie Crohn, je suis un régime et je dois consommer des produits alimentaires spécifiques. Cette situation me causait bien des ennuis.
Maintenant, je suis dans mon appartement subventionné saine et sauve. Ravis de mon retour, mes voisins m’ont accueillie avec joie. C’est fantastique! Présentement, je suis membre du conseil de la Table ronde des aînés et je travaille comme bénévole à l’église. De plus, j’offre mes services aux personnes au centre-ville qui ont besoin d’entrer en contact avec des agents de soutien, dont j’ai le plaisir de connaître. J’agis comme intermédiaire entre les démunis et les agents de soutien. Je possède tous les numéros de téléphone pertinents. La plupart des pauvres n’ont pas de téléphone donc je les laisse utiliser le mien. Ils vivent dans des lieux malsains où on trouve des aiguilles et des punaises de lit. J’ai de la chance de pouvoir vivre ici. Je sais que si j’ai besoin d’aide, je peux l’obtenir.
Nous avons une communauté riche et diverse, mais nous oublions de remarquer et d’apprécier les beaux individus et leurs magnifiques familles qui habitent ici, dans la région de Fredericton-sud. Plusieurs membre de notre communauté sont délaissés, certains invisible, certains sont stigmatisés en tant que « l’Autre ». Dans les mois à suivre, j’aimerais vous présenter à certains de nos voisins, voisines. Ils et elles, sont des nôtres. Vous retrouverez la série de Profiles sur le site web, commençant avec les membres de notre communauté LGBTQ et continuant maintenant avec les personnes qui vivent en pauvreté.