Changements climatiques: la tarification du carbone remise à plus tard. acadie nouvelle – 25 décembre 2016

Par MATHIEU ROY-COMEAU

Le premier ministre Brian Gallant en compagnie de ses ministres et de ses députés. Photo: Mathieu Roy-Comeau

Le nouveau plan de lutte aux changements climatiques du gouvernement de Brian Gallant est applaudi par le milieu environnemental malgré l’absence de détails sur la tarification du carbone.

Le plan d’action de 25 pages présenté mercredi par le premier ministre en présence des membres de son caucus ne précise pas quel mécanisme la province prévoit adopter pour tarifer ses émissions de gaz à effet de serre (GES).

Le document n’indique pas non plus combien coûtera l’émission d’une tonne de GES à l’avenir.

La province promet toutefois d’adopter un mécanisme de tarification du carbone avant l’échéancier fédéral de 2018.

Fredericton se donne pour objectif de réduire le total de ses émissions à 14,8 mégatonnes d’ici à 2020. Ce plafond sera abaissé par la suite à 10,7 mégatonnes en 2030 et à 5 mégatonnes en 2050.

Ces objectifs sont moins ambitieux que ceux qui avaient été proposés par le comité spécial de l’Assemblée législative sur les changements climatiques, mais sont cependant conformes aux cibles que s’étaient données la Conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada.

Selon Environnement et Changements climatiques Canada, le Nouveau-Brunswick a rejeté 14,9 mégatonnes de GES dans l’atmosphère en 2014.

«Nous pourrons regarder nos enfants et nos petits-enfants dans les yeux et leur dire que nous avons fait tout ce qui était possible pour rendre notre monde meilleur», a déclaré le premier ministre Gallant lors de l’annonce.

Le plan propose l’élimination du charbon dans la production d’électricité à la centrale de Belledune d’ici 2030, à condition d’obtenir «le soutien approprié» de la part du gouvernement fédéral afin de «minimiser les effets» sur les coûts de l’énergie et l’économie locale.

«Sinon, le charbon sera éliminé d’ici 2040, soit la date du statu quo», indique-t-on dans le rapport.

Le gouvernement fédéral a déjà annoncé qu’il souhaitait éliminer la production d’électricité au charbon d’ici à 2030. Ottawa s’est cependant montré ouvert à la négociation individuelle avec les provinces.

Contrairement à ce qu’avait recommandé le comité spécial sur les changements climatiques, Fredericton n’écarte pas la possibilité de recourir à d’autres combustibles fossiles comme le gaz naturel pour produire de l’électricité après 2030.

David Coon: un plan imparfait, mais un bon plan

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Le chef du Parti vert, David Coon. – Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau

Le chef du Parti vert, David Coon, a presque été submergé par l’émotion lors de la présentation du rapport.

«Ce plan va permettre aux jeunes de penser au futur avec espoir. Ce n’est clairement pas parfait, mais c’est un bon plan», a déclaré celui qui a consacré sa carrière à défendre l’environnement.

Le plan contient des dizaines d’initiatives pour réduire la consommation d’énergie des individus et des entreprises.

Fredericton veut notamment doubler ses investissements de capital pour l’efficacité énergétique et assurer la présence de 2500 véhicules électriques sur les routes du Nouveau-Brunswick en 2020.

Selon le ministre des Transports et de l’Infrastructure, seulement 64 véhicules électriques sont immatriculés dans la province.

Un comité du cabinet présidé par le premier ministre sera responsable de superviser la mise en oeuvre de ces mesures qui seront financées par les revenus de la tarification du carbone.

Fredericton n’a pas encore déterminé s’il adoptera une taxe sur le carbone, un mécanisme de plafonnement et d’échanges des droits d’émissions ou un modèle hybride.

La solution choisie tiendra compte des «circonstances économiques et sociales» de la province afin de réduire ses effets sur les familles à faible revenu et les industries exposées à la concurrence étrangère, promet le gouvernement.

«Quand ça vient à la tarification du carbone, pour nous c’est très important de nous assurer de faire ça de la bonne façon pour combattre les changements climatiques tout en assurant la croissance économique», a affirmé Brian Gallant.

Il participera d’ailleurs à la rencontre fédérale-provinciale des premiers ministres sur le climat, vendredi à Ottawa.

«Nous avons un plan complet. J’ai travaillé sur ce sujet un peu partout au pays et je peux vous dire que ce plan fait partie des meilleurs au pays», a commenté la directrice des changements climatiques et des solutions énergétiques du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, Louise Comeau.

La province devra cependant réviser ses objectifs de réductions de GES à la hausse avant 2050 si le Nouveau-Brunswick souhaite vraiment contribuer à faire respecter l’Accord de Paris sur le climat et limiter le réchauffement de la planète en dessous de la barre des deux degrés Celsius, a prévenu Mme Comeau.

«Nos objectifs sont toujours en deçà de ce qui est requis d’un point de vue scientifique.»

Le Conseil d’entreprises du Nouveau-Brunswick, qui s’est déjà prononcé pour la tarification du carbone, n’a rien trouvé à reprocher au plan du gouvernement.

Selon la présidente-directrice générale du Conseil, Adrienne O’Pray, Fredericton «semble prêt à prendre son temps pour créer le bon système» de tarification.

Ce système devra notamment assurer la compétitivité des entreprises sur le plan mondial et éviter les augmentations soudaines des coûts en énergie, a indiqué Mme O’Pray.

Le porte-parole de l’opposition officielle sur les questions d’environnement a réagi prudemment au plan d’action en soulignant les nombreuses inconnues qui persistent en matière de tarification du carbone.

«Les Néo-Brunswickois paient déjà énormément de taxes. S’il y a une nouvelle taxe, le gouvernement va-t-il baisser d’autres taxes ailleurs? C’est très ambigu et il y a beaucoup de facteurs à considérer», a commenté le député progressiste-conservateur.