«Complaisance» avec Ernst & Young, «oppression» avec les familles – Acadie Nouvelle – 22 juin 2017

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Article : Jean-Marc Doiron
Photo : Les Archives de l’Acadie-Nouvelle

Le chef du Parti vert, David Coon, a déposé une motion au comité des Comptes publics visant à interpeller le ministère du Développement social afin de trouver qui est «responsable entourant le fiasco du contrat de consultation». Des membres du gouvernement ont cependant rejeté la motion et soumis une nouvelle motion voulant que le ministère soit convoqué lors de la prochaine réunion régulière. Comme il n’y a pas d’horaire fixe, la comparution pourrait seulement avoir lieu d’ici quelques années.

«La dernière fois, ç’a pris trois ans avant que le ministère du Développement social comparaisse devant notre comité.»

La grogne monte entourant le contrat de consultation émis en 2013 par le ministère du Développement social à Ernst & Young. Des acteurs du monde politique et social dénoncent l’attribution d’un contrat de 13 millions $ sans appel d’offres qui a mené à des économies présumées d’à peine 10 millions $.

Johanne Petitpas n’en croyait pas ses yeux quand elle a lu la nouvelle découlant du plus récent rapport de la vérificatrice générale du Nouveau-Brunswick, Kim MacPherson.

La coprésidente du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick fait affaire avec le ministère du Développement social depuis des années. Quand son groupe demande à Fredericton de lever le gel sur les prestations d’aide sociale, on lui répond que le gouvernement provincial n’a pas assez d’argent ou qu’il y aura des abus si les politiques changent. Quand son organisme demande une subvention, aussi petite soit-elle, le ministère demande des reçus, un budget et même parfois la constitution de l’organisation.

Voilà donc pourquoi elle a été bouleversée en apprenant que ce même ministère avait octroyé en 2013 un contrat de 13,2 millions $ sans appel d’offres, et donné 646 000$ à une entreprise pour des frais de déplacement sans pièce justificative.

«D’un bord, nous avons des citoyens qui doivent aller à des rendez-vous chez le médecin et qui ne peuvent pas se faire rembourser, car les politiques du ministère sont trop restrictives. Et de l’autre bord, vous avez Ernst & Young qui peut excéder de 700 000$ un bon d’achat sans pénalité. Incroyable!»

Mme Petitpas estime qu’il y a deux poids, deux mesures au ministère du Développement social.

«L’auditrice générale, Kim MacPherson parle d’une culture de complaisance de ce ministère et de non-respect des règlements. Notre expérience au cours des années avec ce ministère est tout autre. Il y a une culture d’oppression et de suivre à la lettre tous les plus petits règlements au détriment des individus et des familles.»

L’Association libérale du Nouveau-Brunswick dénonce aussi le «scandale du contrat», s’interrogeant sur le rôle qu’a joué le chef du Parti progressiste-conservateur, Blaine Higgs. Dans un communiqué de presse publié jeudi, elle rappelle que M. Higgs était ministre des Finances au moment de l’attribution du contrat.

«Tout indique que Blaine Higgs a lui-même sélectionné la firme-conseil. A-t-il fait pression auprès du ministère pour qu’il évoque une «situation d’urgence» afin que ce contrat soit accordé sans appel d’offres?» a demandé dans un communiqué Donald Arseneault, député de Campbellton-Dalhousie.

Le chef du Parti vert, David Coon, a déposé une motion au comité des Comptes publics visant à interpeller le ministère du Développement social afin de trouver qui est «responsable entourant le fiasco du contrat de consultation». Des membres du gouvernement ont cependant rejeté la motion et soumis une nouvelle motion voulant que le ministère soit convoqué lors de la prochaine réunion régulière. Comme il n’y a pas d’horaire fixe, la comparution pourrait seulement avoir lieu d’ici quelques années.

«La dernière fois, ç’a pris trois ans avant que le ministère du Développement social comparaisse devant notre comité.»

Le chef de l’opposition officielle Blaine Higgs n’a pas encore réagi publiquement aux allégations troublantes qui entourent le Parti progressiste-conservateur dans ce dossier. Il a accepté d’accorder une entrevue à l’Acadie Nouvelle vendredi.

Dans son rapport, Mme MacPherson ne blanchit pas le gouvernement libéral dans cette affaire. Elle rappelle qu’en 2015, les hommes de Brian Gallant ont prolongé d’un an le contrat avec le groupe d’experts-conseils. Les libéraux auraient pris cette décision malgré les anomalies en raison du travail déjà effectué.

Mme MacPherson avance qu’en 2013, le ministère du Développement social a évoqué une clause d’urgence afin de contourner le processus d’appel d’offres dans les deux premières phases du projet. Elle ajoute que la firme Ernst & Young a participé à la conception d’un appel d’offres qu’elle a remporté par la suite afin d’effectuer la troisième phase du projet.