Donner la priorité aux gens
Mon travail comme député de Fredericton-Sud s’est révélé être toute une éducation pour moi et pour ma coordonnatrice de circonscription Taeyon Kim. C’est un plaisir se servir mes électeurs. Et ce faisant, j’ai appris que le système ne fonctionnait pas pour les personnes dans le besoin.
Je pense que la plupart d’entre nous pensent que si nous nous trouvions dans une situation désespérée, un filet de sécurité financé par nos impôts amortirait notre chute. La citation bien connue « on reconnait la grandeur d’une civilisation à la façon dont elle traite ses membres les plus démunis » vient à l’esprit. Bien qu’il existe certains services en place, ils ne sont pas en mesure de s’élever aux normes de civilisation auxquelles la plupart d’entre nous s’attendraient.
Si vous rencontrez des temps difficiles et que vous êtes forcé de présenter une demande d’aide au revenu, vous pourriez raisonnablement vous attendre à ce que votre chèque soit juste suffisant pour couvrir les essentiels pour votre nourriture et votre logement. Mais vous auriez tort. En réalité, vous vous retrouveriez à devoir faire des choix chaque jour, comme vous passer de nourriture pour nourrir vos enfants. Peut-être devriez-vous laisser de côté le renouvèlement de vos prescriptions pour payer votre loyer. Ou peut-être devriez-vous vous priver de votre rendez-vous pour une dialyse ou une mammographie parce que vous n’avez pas suffisamment d’argent pour le taxi qui vous amènerait à la clinique.
Je n’arrive vraiment pas à comprendre le fondement moral d’un système d’aide sociale qui n’arrive pas à garantir le bienêtre de ceux qui doivent y faire appel. Une personne ou une famille qui dépend de l’assistance sociale devrait avoir suffisamment d’argent pour payer les nécessités de survivance de base, mais comme société, nous leur refusons.
Si vous, ou un membre de votre famille développez une maladie mentale, il serait raisonnable d’assumer que votre système de soins de santé vous fournisse un accès opportun au diagnostic et au traitement. Après tout, si vous souffrez d’emphysème, d’une maladie du cœur ou d’un cancer, vous pouvez compter sur un diagnostic et sur un traitement en bonne et due forme. Si par contre vous souffrez d’une maladie mentale, l’accès au diagnostic et au traitement demeure hors de portée pour trop de malades. Cela a forcé des familles avec des revenus confortables à faire de leur mieux pour trouver des traitements pour les membres de leur famille en dehors de la province. Pour ceux aux revenus plus modestes, leurs bienaimés doivent continuer à souffrir ; certains se soignent avec des drogues ou l’alcool, d’autres finissent en prison, d’autres meurent. Vous pensez peut-être que je suis sévère, mais c’est la réalité actuelle. Si on n’en parle pas, le système ne sera jamais amélioré.
C’est pourquoi il a été très courageux pour Amanda Browne et sa mère Ginette Desroches de consentir être interviewées par Laura Brown de CTV. Amanda a tenté de se suicider à plusieurs reprises. Elle avait été incapable d’obtenir des traitements efficaces pour sa maladie mentale. Naturellement, sa mère était inquiète. Et ce n’est pas une situation exceptionnelle au Nouveau-Brunswick. Ce qui est unique c’est que Ginette et Amanda ont décidé d’en parler publiquement.
Si vous êtes une personne âgée recherchant un diagnostic de démence, vous pouvez attendre aussi longtemps que deux années. Et c’est souvent deux années trop tard pour plusieurs qui auraient pu autrement bénéficier des nouvelles drogues qui retardent le développement de la démence.
Je me rappelle que l’ancien premier ministre Frank McKenna disait que donner priorité aux personnes cesserait quand il n’y aurait plus d’argent. Ces paroles sont restées avec moi au cours des années, et maintenant que je suis député et chef d’un parti à l’Assemblée législative, je suis déterminé à donner la priorité aux personnes encore une fois.
Nous sommes une communauté compatissante, et nous sommes des gens compatissants, mais la compassion doit être soutirée de notre système. Les constantes restrictions budgétaires, l’élimination des postes professionnels, le dénigrement chronique des fonctionnaires et la dépréciation des services publics sous prétexte d’un petit gouvernement, de la dérèglementation et des réductions d’impôt ont tous laissé leur marque profonde.
Le rôle d’un gouvernement est de protéger et d’autonomiser les gens dans leur collectivité. Cela exige un gouvernement militant qui se dévoue encore à donner la priorité aux gens.
David Coon est député de Fredericton-Sud et chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick