Collaboration nécessaire dans les provinces maritimes
À entendre les libéraux et les conservateurs parler de notre avenir comme néobrunswickois, on pourrait être pardonné de penser que tout comme Robinson Crusoé nous nous sommes échoués sur une ile inconnue, comptant seulement sur nos capacités individuelles pour survivre à cet isolement imposé.
Comme habitants des provinces maritimes, nous sommes savons très bien que nos provinces voisines, l’Ile du Prince Édouard et la Nouvelle-Écosse, sont confrontées à exactement les mêmes défis démographiques, sociaux et économiques que nous. Et c’est la même situation pour nos cousins de Terre-Neuve et du Labrador. Pourtant, il existe très peu de collaboration pour trouver les solutions à nos problèmes communs. Les premiers ministres n’ont même pas trouvé le moyen de présenter un front commun lorsqu’ils ont demandé à Ottawa un ajustement aux paiements de transferts pour la santé afin de tenir compte de notre population vieillissante.
Le Conseil des premiers ministres de l’Atlantique, créé initialement en 1972 comme Conseil des premiers ministres des Maritimes, un organisme intergouvernemental favorisant une coopération accrue entre les administrations, les institutions et les peuples de la région. Maintenant, son apparence superficielle donne l’impression d’un club privé.
Les journalistes font à peine mention de ces rencontres et se contentent de réimprimer soigneusement les communiqués. Une visite au site Web du Conseil ne révèle presque rien.
Au moment où nos peoples, nos institutions et nos administrations auraient besoin de créer un réseau, d’échanger et de collaborer sur les défis en cours, l’agencement actuel de la collaboration régionale nous fait défaut.
La semaine dernière, j’ai participé à la réunion annuelle du Cooperative Enterprise Council à Dorchester pour entendre une présentation du Centre pour la prospérité, basé en Nouvelle-Écosse, un organisme sans but lucratif dédié à favoriser une approche de développement économique qui fortifie les collectivités locales. Cette organisation impressionnante travaille dans les maritimes et forme un réseau avec d’autres groupes de la société civile.
La centralisation et la consolidation qui ont pris place au Nouveau-Brunswick ont laissé les gens et les collectivités avec peu de capacité pour modeler leur avenir, que ce soit concernant le type de développement économique qui prendra place ou quels sont ceux qui profiteront de ce développement, ou comment leurs besoins de santé, d’éducation ou de transport seront satisfaits.
J’ai été très inspiré par une récente présentation sur la collaboration des cinq pays nordiques, dont notamment l’Islande, un pays dont la population est la moitié de celle du Nouveau-Brunswick. Le Conseil nordique est l’organisme qui réunit les représentants élus des parlements de ces pays afin d’établir des priorités communes pour collaboration. J’aimerais bien participer à de telles discussion avec les parlementaires de notre région.
Il y a dix ans, les quatre premiers ministres et les membres de leur cabinet se sont rencontrés à l’université Mount Allison de Sackville, mais c’était une rencontre à huit clos qui n’incluait aucun député des partis d’opposition ni même de députés d’arrière-ban. Si nous souhaitons collaborer à l’échelle régionale d’une façon transparente et responsable, alors ce sont les membres des Assemblées législatives qui doivent se rencontrer et non pas seulement les membres du cabinet.
Les défis posés par une population vieillissante, l’accès aux soins de santé, la transition des carburants fossiles aux énergies propres, le développement économique local, la réduction de la pauvreté ont tous besoin d’être examinés à l’échelle régionale pour inspirer les politiques publiques nécessaires pour appuyer les solutions locales, tout en renforçant la coopération régionale lorsque c’est plus utile.
Nous devons éviter de créer des institutions régionales qui ne servent qu’à concentrer les prises de décisions dans les mains de quelques grandes entreprises et de bureaucraties lointaines. Cela semble pourtant être la direction prise par le Conseil des premiers ministres de l’Atlantique durant ces dernières années. Il est temps d’y introduire la démocratie, afin que ce conseil serve comme secrétariat efficace des parlementaires du Canada Atlantique, qui encourage véritablement la coopération entre les administrations, les institutions et les peuples de la région, tel qu’il était prévu initialement.
David Coon est chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick et député de Fredericton-Sud.