Rénover le Nouveau-Brunswick
L’économie de notre province donne l’impression d’être enlisée dans la boue. Les tentatives des gouvernements provinciaux antérieurs pour faire tourner le moteur plus rapidement nous ont enfoncés encore plus profondément. Mon grand-père a souvent été appelé à l’aide pour dégager la voiture de jeunes amoureux qui, par un beau soir de printemps, s’étaient aventurés dans le boisé avoisinant. Il démarrait le tracteur et à l’aide d’une chaine il réussissait aisément à les sortir de la boue sans jamais les dénoncer à leurs parents.
Le tracteur pour notre économie c’est l’énergie verte. L’industrie de la construction des immeubles verts et celle de l’énergie verte sont figurent parmi les dix industries qui croissent le plus rapidement aux États-Unis. Ces industries réduisent notre dépendance au pétrole, au charbon et au gaz naturel et permettent de combattre les changements climatiques. Comme c’est le cas pour les autres secteurs d’énergie verte, tels que les technologies de l’information, les technologies propres et les biosciences, il y a possibilité de la création d’emplois et des occasions d’affaire tout en réduisant notre dépendance aux combustibles fossiles.
Pour profiter de ces opportunités, nous devons penser l’énergie différemment. Nous avons besoin de l’énergie pour se chauffer, pour se transporter et pour générer de l’énergie. La quantité d’énergie nécessaire dépend de la conception de nos appareils ménagers et industriels, de nos maisons et de nos systèmes de transport. Moins nous aurons besoin d’énergie, plus il sera facile de combler les besoins avec des sources renouvelables.
Nos gouvernements ont-ils créés au cours des ans un environnement propice à l’industrie verte? Hélas, la réponse est non. L’agence de l’efficacité énergétique du Nouveau-Brunswick, Éfficacité NB, qui a connu du succès dans ses premières années a été utilisé comme une décharge politique par les conservateurs, et a progressé vers son déclin. Plutôt que la ranimer, les Libéraux l’ont complètement démantelé, pour transférer à Énergie NB la responsabilité de créer des programmes d’isolation thermique. La modification de la Loi sur le code du bâtiment du Nouveau-Brunswick qui aurait pu entraîner des initiatives de construction écologique, a été oubliée avec de nombreux autres projets de lois adoptés par l’Assemblée législative mais jamais mis en œuvre les libéraux, et les conservateurs. Quant au transport en commun, le ministre des Transports et Infrastructure maintient, à l’instar de son prédécesseur, que le transport en commun ne relève pas de sa responsabilité.
Alors, quel est le climat commercial pour l’industrie des énergies renouvelables? L’ancien gouvernement conservateur a aboli le département de l’énergie renouvelable du ministère d’Énergie et Mines. Les investissements dans ce secteur se sont asséchés lorsque les conservateurs ont décidé de remplacer la réglementation sur l’électricité renouvelable de la Loi sur l’électricité, par des normes inutiles et inopérantes.
L’élan de croissance qui animait le secteur de l’énergie renouvelable s’est essouflé, les entreprises se sont tournées vers la Nouvelle-Écosse, les municipalités, les coopératives et les groupes des Premières nations et des initiatives entrepreneuriales ont étés laissés en plan. Quant au nouveau gouvernement libéral il n’a toujours pas démontré qu’il comprend le potentiel de création d’emploi et de croissance économique que représente le secteur d’énergie renouvelable.
Les initiatives d’adoption des combustibles renouvelables et des véhicules électriques dans le secteur du transport sont quasi inexistantes en dépit des importants travaux de la Faculté d’ingénierie de l’Université du Nouveau-Brunswick en développement de combustibles renouvelables et malgré qu’ÉnergieNB vise la création d’un réseau électrique intelligent. Aucun effort n’a été fait pour favoriser la migration vers des sources solaires, bioénergétiques et géothermiques.
Le gouvernement libéral de Brian Gallant peut raviver l’impulsion qui animait d’autrefois le développement de l’électricité renouvelable en adoptant sa propre version de la réglementation.
La période d’examen public du projet de Règlement sur le Programme de production locale d’énergie renouvelable à petite échelle est maintenant terminée. Malheureusement, à moins que des modifications importantes soient apportées aux règlements, les cibles établies en vue de l’augmentation de la production d’électricité par des sources d’énergie renouvelable seront atteintes principalement grâce à l’importation de l’hydroélectricité produite à l’extérieur de la province, ce qui limitera ici, au Nouveau-Brunswick, la création d’emploi et le potentiel de croissance économique engendré par le développement de l’énergie renouvelable.
Nous avons besoin d’une stratégie, d’un cadre réglementaire et d’un organisme qui favoriseront les investissements, l’entrepreneuriat et l’innovation dans les domaines des énergies renouvelables et de la construction des édifices écologiques. La production d’énergies renouvelables pour le chauffage, le transport et l’électricité est un secteur économique en pleine croissance. C’est aussi le cas pour la construction d’édifices écologiques, que ce soit dans les secteurs résidentiel, commercial, industriel ou institutionnel.
C’est pour ces raisons que je propose la création d’une commission de Rénover N.-B. afin d’encourager et faire croître notre propre secteur d’énergie renouvelable et celui de la construction écologique. Cette commission serait responsable du développement des politiques nécessaires, de la règlementation et des mesures fiscales aptes à promouvoir la croissance et la création d’emplois dans les secteurs des énergies renouvelables, du transport en commun et de l’efficacité énergétique. De plus, une croissance rapide des secteurs d’énergie renouvelable et de la construction écologique accélèrerait la croissance de nos secteurs des TI, des biosciences et des technologies propres. Il est temps de se mettre à la remorque de l’énergie renouvelable et de la construction écologique pour pouvoir enfin sortir notre économie de son lit de boue.
David Coon est le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick et député de la circonscription de Fredericton-Sud.