Nos Voisins : K

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Je célèbre mon 72ieme anniversaire cette semaine. Ça fait donc dix-huit mois que j’habite ce logement abordable. Au début, j’avais de la misère à m’ajuster et je comprenais pas pourquoi. Puis, j’ai compris: on dirait que j’étais sur le précipice, la dernière marche avant le cimetière. Ce n’est pas du tout la situation que je pensais vivre dans mon âge d’or.

J’étais propriétaire de maison jusqu’en 1982. Après mon divorce, je suis devenue une autre statistique, où la femme qui en sort avec les difficultés financières. J’ai dû vivre dans un immeuble où l’on louait des chambres. Ce n’était surtout pas un endroit où l’on pouvait recevoir de la compagnie. J’avais si honte d’y habiter. J’avais un baccalauréat de l’université de Cape Breton et deux ans en Droit de l’université du Nouveau-Brunswick.

Cette année je me suis retrouvée sans-abri lorsque mon bel immeuble historique a passé au feu. J’ai tout perdu. Malgré que je retrouvais techniquement sans abri, j’avais de l’aide- mon amie m’a donné sa chambre chez elle, alors qu’elle a été chez sa fille. J’étais chanceuse, je ne dormais pas sur un banc dehors. Mais émotionnellement j’étais anéantie. J’avais peur. Et lorsque j’entends les difficultés que certains ont vécues, mon doux! Lorsque je cherchais un logement, il y avait 1300 personnes sur la liste. Dans une petite communauté comme la nôtre, c’est un chiffre inquiétant. Mais après trois mois, si j’étais offert une petite cabane de rien, j’aurai accepté. Mon appartement présentement était un coup de grâce.

J’aimerais bien être propriétaire un jour de nouveau. Pour l’instant, je m’y suis bien installée. Je suis sociale au bingo et dans mon groupe de poésie. Je suis la représentante du Nouveau-Brunswick au conseil national pour un Canada Sans Pauvreté et je suis membre du groupe d’action communautaire sur le chômage ici à Fredericton. Un chèque sépare la majorité des gens du chômage. Les premières étapes pour combattre cette réalité à Fredericton sont déjà établies.

Nous avons une communauté riche et diverse, mais nous oublions de remarquer et d’apprécier les beaux individus et leurs magnifiques familles qui habitent ici, dans la région de Fredericton-sud. Plusieurs membre de notre communauté sont délaissés, certains invisible, certains sont stigmatisés en tant que « l’Autre ». Dans les mois à suivre, j’aimerais vous présenter à certains de nos voisins, voisines. Ils et elles, sont des nôtres. Vous retrouverez la série de Profiles sur le site web, commençant avec les membres de notre communauté LGBTQ et continuant maintenant avec les personnes qui vivent en pauvreté.