Nos Voisins : Jen

jennMon expérience avec le logement abordable s’est avéré être un véritable cauchemar. Il existe un énorme fossé entre les riches et les pauvres. Nous, les pauvres, devenons facilement les victimes d’abus et personne ne veut nous écouter. L’objectif est de nous isoler et de nous mettre à l’écart. Puisque je suis une personne instruite, on semble oublier que je suis pauvre. Je représente l’image contraire à la perception populaire de la pauvreté.

Nous n’avons pas toujours été pauvres. Par le passé, nous possédions une maison dont la valeur était de 250 000$. Mais la vie a pris un autre tournant. Mon mari a perdu son emploi en 2010 et par la suite, on m’a expulsée de ma maison de façon illégale. Quand on se trouve soudainement démunis, on a parfois recours à des propriétaires de taudis qui nous présentent des contrats de bail frauduleux, qui gardent nos dépôts de garanti et qui nous volent notre argent. Nous avions trouvé un logement provisoire mais malheureusement les chiens y étaient interdits. Nos amis ont pris nos chats et ma mère a pris un de nos deux chiens. Nous voulions garder le deuxième, une chienne, car elle était mourante. De plus, celle-ci fournissait un soutien moral nécessaire à la santé mentale de mon mari durant cette période extrêmement difficile. Malheureusement, on n’a pas réussi à changer l’avis de la propriétaire. Notre chienne ne comptait pas comme chien aidant.

Une fois installés dans un logement provisoire, mon mari s’en allait dans une cabane dans la forêt passer du temps avec notre chienne. Éventuellement, nous avons déménagé dans cette cabane car nous n’avions plus les moyens de se payer un logement convenable. La cabane était petite et, heureusement, nous aimons le plein air.

Je suis installée dans un logement abordable depuis avril dernier et nous avons le sentiment que nous devons constamment lutter pour le conserver. Les gens ici sont anxieux et vivent constamment dans l’insécurité. Chacun est capable du meilleur comme du pire. Je voudrais construire une réalité où les gens sont attirés par le meilleur. Si on est en mode de survie, constamment inquiets d’être incapable se loger et se nourrir, on ne peut guère songer à travailler sur soi-même. L’effort de survivre gobe toutes nos énergies.

Je voudrais transformer ce voisinage en un milieu qui encourage les gens à s’améliorer, et non pas à devenir le prochain détenu.

Nous avons une communauté riche et diverse, mais nous oublions de remarquer et d’apprécier les beaux individus et leurs magnifiques familles qui habitent ici, dans la région de Fredericton-sud. Plusieurs membre de notre communauté sont délaissés, certains invisible, certains sont stigmatisés en tant que « l’Autre ». Dans les mois à suivre, j’aimerais vous présenter à certains de nos voisins, voisines. Ils et elles, sont des nôtres. Vous retrouverez la série de Profiles sur le site web, commençant avec les membres de notre communauté LGBTQ et continuant maintenant avec les personnes qui vivent en pauvreté.