Nos Voisins: Layla

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« Je suis arrivée au Nouveau-Brunswick il y a environ 4 ans et 8 mois. Je suis venue de la Syrie pour voir mon frère munie d’un visa de visiteur. Vous connaissez peut-être ce qui se passe en Syrie. Lorsque je suis arrivée, je croyais que la guerre serait terminée après quelques mois. Je m’étais enfuie parce que j’étais militante là-bas, ce qui fait que je suis maintenant interdite de séjour. Je ne peux plus retourner en Syrie. J’avais déjà envoyé ma fille ici parce que j’étais inquiète pour sa sécurité, car elle faisait l’objet de menaces, à cause de moi. Mon plan était de l’inscrire à l’école et de la laisser sous la garde de mon frère alors que moi je retournerais en Syrie. Mon plan n’a pas fonctionné. Au moment où j’étais censé repartir la crise, était tellement intense que mon patron a dit: «Ne revenez pas tout de suite, restez là pour un autre mois. »» Je suis restée pour un autre mois. Au moment où j’ai décidé de retourner, l’aéroport avait déjà été touché, et il n’y avait plus de vols vers la Syrie …avant même que l’afflux de nouveaux réfugiés commence je travaillais avec le YMCA, le Conseil multiculturel et Centre multiculturel à Saint John et à Fredericton à l’installation des réfugiés. Je voulais leur éviter les souffrances que j’avais subies. Je voulais minimiser les tracas auxquels ils seraient confrontés et je voulais en profiter pour voir des visages familiers, les visages des gens de mon pays. Depuis mon arrivée je me sentais coupable d’avoir abandonné mon peuple … Maintenant, j’ai commencé à avoir des amis, je sais qu’il y a des gens qui m’aiment et que j’aime. Quand on est au loin on doit apprendre à s’ouvrir. C’est ce que je dis aux gens maintenant … J’avais fermé la porte sur moi-même et je m’étais isolée. J’avais choisi l’isolement mais quand j’ai ouvert la porte, les gens m’ont tendu les bras. Aujourd’hui j’ai une famille, car lorsque vous êtes dans un autre pays la famille doit être bâtie. »

Nous avons une communauté riche et diverse, mais nous oublions de remarquer et d’apprécier les beaux individus et leurs magnifiques familles qui habitent ici, dans la région de Fredericton-Sud. Plusieurs membres de notre communauté sont délaissés, certains invisibles, certains sont stigmatisés en tant que « l’Autre ». Dans les mois à suivre, j’aimerais vous présenter à certains de nos voisins, voisines. Ils et elles, sont des nôtres. Cet été on présente l’œuvre collaborative du Faces of the Immigration Story, qui racontent l’expérience des immigrants dans une histoire inspirant de leurs parcours de devenir des nouveaux canadien.ne.s.