Prêt à Coop Atlantique: l’opposition fustige le gouvernement(Pascal Raiche-Nogue Acadie Nouvelle)
Le gouvernement provincial risque de perdre des millions de dollars dans la chute possible de Coop Atlantique. L’affaire ne plaît pas le moindrement du monde aux partis d’opposition à Fredericton.
L’Acadie Nouvelle rapportait en primeur samedi que le gouvernement provincial a garanti 7,5 millions $ d’un prêt de 10 millions $ accordé en mars 2015 à Coop Atlantique par la Banque Nationale. Il l’a fait par par l’entremise d’une société de la Couronne méconnue, Gestion provinciale ltée (GPL).
En échange, la Banque Nationale a annulé une garantie de prêt de 15 millions $ accordée par GPL en 2005.
En juin, Coop Atlantique a complètement remboursé ce prêt vieux de dix ans à l’aide des fruits de la vente de marchés d’alimentation et de station-services à Sobeys. Peu après, Coop Atlantique s’est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.
Le gouvernement se fait avare de commentaires jusqu’à maintenant. Son porte-parole a néanmoins affirmé la semaine dernière que ces manoeuvres financières ont permis de réduire de 15 à 7,5 millions $ les fonds publics à risque dans cette affaire.
Le porte-parole de l’opposition, l’ancien ministre des Finances Blaine Higgs, ne voit pas les choses ainsi. «Je dirais que ce n’est pas le cas. Je dirais que c’est du “spin”», dit-il en interview.
À la lumière des faits rapportés par l’Acadie Nouvelle, ce politicien élu pour la première fois en 2010 dit avoir l’impression que la garantie de prêt de 2005 était au moins en partie sécurisé à l’aide d’actifs de Coop Atlantique, ce qui aurait réduit les risques qui y étaient associés.
Il note que ce prêt a été payé par Coop Atlantique dès qu’elle en a eu les moyens, en juin 2015, après avoir vendu des actifs à Sobeys.
De plus, il dit croire que la nouvelle garantie de prêt de 7,5 millions $ accordée en mars 2015 n’est sans doute pas sécurisée à l’aide d’actifs.
On ignore pour l’instant si c’est bien le cas. Nous avons demandé au gouvernement de nous fournir les contrats établissant les conditions des garanties de prêt accordées en 2005 et en 2015. Nous ne les avons pas encore reçus.
Tout ce que l’on sait, c’est que si la plupart des actifs de Coop Atlantique changent de main, tous les autres prêts accordés par la Banque Nationale au cours des dernières années seront remboursés avant le prêt de 2015.
«Tout cela donne l’impression que la garantie de 15 millions $ (datant de 2005) était sécurisée à l’aide d’actifs, mais que la garantie de 7,5 millions (datant de 2015) ne l’est pas. (…) Il n’est pas question de faire passer (les fonds publics à risque) de 15 à 7,5 millions $ (comme l’affirme le porte-parole du gouvernement). Il est question de prendre un prêt sécurisé de 15 millions $ et de le transformer en un prêt non sécurisé de 7,5 millions $. Il y a une grosse différence», dit Blaine Higgs.
En cachette, déplore David Coon
Le chef du Parti vert, David Coon, accueille lui aussi cette affaire plutôt froidement.
«Le gouvernement s’est encore placé dans une position que nous ne pouvons pas nous permettre», dit-il.
Même s’il est membre du Comité permanent des comptes publics et du Comité permanent des corporations de la Couronne, David Coon n’avait jamais entendu parler de GPL avant que l’Acadie Nouvelle le mette au parfum des services qu’elle a rendus à Coop Atlantique.
Les rapports annuels de GPL n’ont pas été publiés en ligne depuis 2012. Cette société de la Couronne n’a pas de site web et peu de renseignements sur sa structure et son travail sont disponibles. Cela déplaît à David Coon.
«Cette garantie de prêt (de 7,5 millions $ accordé en 2015) a été faite loin des regards par l’entremise de Gestion provinciale ltée. D’après ce que je peux voir, cette société est cachée des gens du Nouveau-Brunswick, qui n’ont aucune idée de son existence ou de ce qu’elle fait», déplore David Coon.
Il compte bien profiter de la reprise des travaux de ces comités, l’automne prochain, pour chercher à en savoir plus sur GPL.