EXCLUSIF: Le programme d’aide aux études est moins généreux que prévu. ACADIE NOUVELLE – 12 JANVIER 2017
Par PASCAL RAICHE-NOGUE
Le chef du Parti vert, David Coon, se dit étonné par le taux d’admission au PAÉ.
«C’est incroyable, selon moi. Moins de 40% de gens qui ont été acceptés au programme d’aide aux études. Ce n’est pas comme ça que nous avions compris que ça allait fonctionner.»
Il se demande pourquoi ce taux est si peu élevé. «Ce n’est pas une statistique ou un résultat impressionnant», dit-il.
Le nouveau programme d’aide aux études n’est pas aussi efficace que l’avaient fait miroiter les libéraux de Brian Gallant lors de son lancement. C’est ce que laissent entendre des données obtenues par l’Acadie Nouvelle.
Depuis cet automne, Fredericton donne un coup de pouce aux étudiants des familles dont le revenu annuel est de 60 000$ ou moins et qui sont inscrits dans les collèges et les universités financés par la province.
Le programme d’aide aux études (PAÉ) mis en œuvre par les libéraux couvre la différence entre la bourse fédérale et le coût des droits de scolarité.
Le ministre de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail, Donald Arseneault, rapporte que 16 156 demandes d’aide financière ont été soumises pour l’année universitaire en cours. L’évaluation de 13 639 demandes a été complétée.
En fin de compte, 4952 étudiants ont été admis au PAÉ, ce qui donne un taux d’admission de 36% (pour les étudiants dont le dossier a été évalué complètement). Selon le ministre, environ 18 millions $ ont été versés.
C’est nettement moins que ce que prédisaient les libéraux, en avril dernier, lorsqu’ils ont annoncé ce programme en grande pompe.
Dans le communiqué qui accompagnait l’annonce, le gouvernement indiquait que «près de 25 millions $» seraient consacrés au programme dès la première année, que «7100 étudiants pourront bénéficier immédiatement de ce programme» et que «plus de 50% des étudiants qui feront une demande d’aide financière seront admissibles à ce programme».
Même si les prédictions faites à l’époque (alors que Francine Landry était la ministre responsable de ce dossier) se sont avérées trop optimistes, Donald Arseneault estime que le programme est un succès.
«Je suis très satisfait avec les statistiques que l’on a aujourd’hui. Mais, je pense que le vrai impact de ce programme se verra dans trois ou quatre ans. C’est un investissement à long terme.»
Il se dit néanmoins ouvert à y apporter des changements. Au cours des derniers mois, des intervenants du milieu de l’éducation ont notamment réclamé l’inclusion des étudiants des établissements privés et la mise en place d’une échelle variable.
À l’heure actuelle, les étudiants ne sont plus admissibles au PAÉ dès que le revenu annuel de leur famille franchit le seuil de 60 000$. Une échelle mobile permettrait d’ajuster l’aide financière en fonction des besoins.
«On est présentement en discussion au cabinet pour voir ce que l’on peut faire, combien d’autres fonds qu’on peut allouer au programme et combien d’autres personnes qu’on peut essayer d’aider. L’objectif numéro un, c’est l’accessibilité», indique Donald Arseneault.
Il reste à voir si le gouvernement profitera du dépôt du budget 2017-2018, le 31 janvier, pour annoncer des améliorations au PAÉ. Donald Arseneault se garde bien de vendre la mèche.
«Je peux vous dire qu’on peut s’attendre à ce qu’une attention particulière soit portée à l’éducation postsecondaire», dit-il.
Des changements réclamés
Mis au parfum de ces données, la FÉÉCUM et les partis d’opposition réagissent en soulevant des questions et en exigeant des changements au programme d’aide aux études.
La présidente de la Fédération des étudiantes et étudiants du Campus universitaire de Moncton, Roxann Guerrette, affirme que «la prévision du gouvernement était peut-être exagérée.»
Elle invite les libéraux à améliorer le programme, notamment en adoptant une échelle mobile.
«On espère aussi que les 7 millions $ qui n’ont pas été investis vont être retournés d’une façon ou d’une autre, par exemple avec des bourses aux étudiants», ajoute-t-elle.
Le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation postsecondaire, Trevor Holder, n’est pas très surpris par ces données.
Il affirme que les progressistes-conservateurs ont émis des réserves dès le lancement du PAÉ, notamment quant à l’exclusion de ceux qui étudient dans un établissement privé ou à l’extérieur de la province.
Il rappelle aussi que d’autres programmes ont été abolis pour financer le PAÉ et que cela a eu des conséquences négatives sur de nombreux Néo-Brunswickois. L’année dernière, la CBC a rapporté que plus de 40 000 étudiants et diplômés récents ont perdu complètement ou en partie leur aide financière en raison de la réforme des libéraux.
Trevor Holder croit que le gouvernement devrait se doter d’une stratégie globale pour l’éducation postsecondaire au lieu d’apporter des changements çà et là. En attendant, il souhaite qu’ils améliorent le PAÉ.
«S’ils maintiennent le PAÉ, j’espère qu’ils vont au moins évaluer la possibilité de l’étendre aux collèges privés et peut-être penser à l’étendre aux étudiants du Nouveau-Brunswick qui doivent étudier à l’extérieur de la province.»
Le chef du Parti vert, David Coon, se dit étonné par le taux d’admission au PAÉ.
«C’est incroyable, selon moi. Moins de 40% de gens qui ont été acceptés au programme d’aide aux études. Ce n’est pas comme ça que nous avions compris que ça allait fonctionner.»
Il se demande pourquoi ce taux est si peu élevé. «Ce n’est pas une statistique ou un résultat impressionnant», dit-il.
À l’instar de Roxann Guerrette, il souhaite l’adoption d’une échelle mobile. «Il est important pour moi que ce soit mis en place. C’est la prochaine étape nécessaire, selon moi.»