Une société juste nous unit – L’injustice nous divise.
Mes premiers véritables souvenirs en politique sont les plaidoyers de Pierre Trudeau pour une juste société. Pour un jeune de 11 ans, cette vision pour notre pays m’avait inspiré. Si la politique était capable d’introduire des changements sociaux, alors c’était quelque chose que je me devais de mieux connaitre.
C’était l’époque du programme d’égalité sociale Louis Robichaud, continuée par Richard Hatfield qui ultimement a rescapé tellement de personnes de la pauvreté, et qui a établi les bases nécessaires pour que les minorités acadiennes et francophones deviennent des participants à part entière de la société néobrunswickoise.
Les peuples indigènes ne figuraient nulle part dans les changements sociaux de cette époque. La réconciliation, la reconnaissance des traités, et la résolution des titres de propriété foncière doivent être aujourd’hui une priorité politique. À titre de verts, nous sommes entièrement d’accord avec cette priorité, et comme députés nous agirons en conséquence.
Il existe encore des forces corrosives qui tentent au Nouveau-Brunswick de miner les progrès réalisés pour que la langue et la culture acadiennes et d’autres francophones soient protégées. Cela représente une menace qui risque de nous retourner les uns contre les autres.
Les Néobrunswickois ont eu le droit d’être servis par leur gouvernement en anglais ou en français depuis près d’un demi-siècle maintenant. Cela fait 37 années depuis que l’Assemblée législative reconnait l’égalité entre les communautés anglophones et francophones au Nouveau-Brunswick. Et cela fait un quart de siècle depuis que ces droits ont été enchâssés dans notre constitution. Alors que se passe-t-il ?
C’est la peur qui est à la source de ces malaises.
Plusieurs sont inquiets de l’économie et de l’avenir de nos services publics. Et cela est utilisé par ceux qui prétendent que nous ne pouvons pas nous payer l’égalité sociale. Répétez cette rengaine assez souvent et évoquez des histoires terrifiantes concernant un précipice économique, et des gens de bonne foi peuvent devenir angoissés.
Considérez en revanche la crise du recrutement et de la rétention des ambulanciers. La détérioration des services ambulanciers des régions rurales du Nouveau-Brunswick est le résultat d’une pauvre gestion. Medavie a permis que le niveau des effectifs descende en dessous de ce qui est nécessaire pour conserver nos ambulances sur les routes. Mettre le blâme sur une exigence, qui existe depuis plusieurs décennies, de fournir des services publics en anglais et en français, c’est simplement passer complètement à côté du sujet.
Il existe aussi plus d’une centaine d’ambulanciers qui ne travaillent pas à cause du stress posttraumatique. Améliorer les services ambulanciers au Nouveau-Brunswick devrait être un enjeu qui nous unit tous.
Et qu’en est-il de ces histoires qui se répandent à propos de pratiques d’embauche injustes dans les services publics ? L’administration aurait dû mettre fin à ces histoires depuis longtemps. Une gouvernance ouverte et transparente devrait se traduire par une ouverture et une transparence dans ses pratiques d’embauche. Et pourtant, nous avons assisté à une suite de gouvernements qui semblaient croire que leur travail était leur affaire, et non pas l’affaire des gens de la province. S’il existe du népotisme dans les pratiques d’embauche, éradiquons-les. Si une approche bureaucratique, même solution pour tous, aux exigences de compétence en langue seconde est prise, quel que soit l’emploi, faisons preuve de sens commun.
Ce qui me permet de passer à l’apprentissage en langue seconde. Ce n’est pas offert à la plupart des adultes, qu’ils soient anglophones ou francophones. Une formation en langue seconde doit être largement offerte et abordable. Si la formation en langue seconde du système scolaire ne produit pas les résultats souhaités, alors nous devons accepter les avis des éducateurs concernant la façon d’améliorer les résultats des élèves anglophones et francophones.
Si nous voulons réussir à naviguer les eaux de l’avenir, nous devons agir comme un peuple uni avec un objectif commun. Et ce sera seulement possible lorsque nous nous sentirons tous en sécurité et respectés. Cela exige un bon leadeurship, et la promesse indéfectible d’engager les Néobrunswickois dans la poursuite d’une société juste.
David Coon est chef du parti vert du Nouveau-Brunswick et député de Fredericton-Sud