Le bureau de la médecin-hygiéniste en chef «éviscéré» – Acadie Nouvelle – 1 Septembre 2017

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l’article par Mathieu Roy-Comeau
le photo courtoisie de Mathieu Roy-Comeau

«Le gouvernement a dégriffé le bureau de la médecin-hygiéniste en chef en renvoyant Dre Cleary et maintenant ils lui enlèvent toutes ses ressources et son expertise. Pourquoi?»

La restructuration du bureau de la médecin-hygiéniste en chef ressemble plutôt à un travail de démolition, selon les partis d’opposition.

Le ministre de la Santé, Victor Boudreau, a annoncé jeudi en fin de journée par voie de communiqué la réorganisation du service de la responsable de la santé publique afin de «réaliser des économies et simplifier les activités au sein de la fonction publique».

Quatre divisions qui dépendaient autrefois de la médecin-hygiéniste en chef feront dorénavant partie de trois ministères différents.

Selon le chef du Parti vert, ces changements «équivalent à éviscérer le bureau de la médecin-hygiéniste en chef».
«Le personnel doit être dévasté. On détruit complètement l’équipe qui permet à la médecin-hygiéniste en chef de faire son travail de protection et de promotion de la santé publique des Néo-Brunswickois», déplore David Coon.

Le porte-parole du Parti progressiste-conservateur, Brian Macdonald, compare la restructuration à l’abolition pure et simple du poste.

«Ce poste joue un rôle important pour protéger la santé des citoyens et, maintenant, le gouvernement Gallant abolit le poste. Ce n’est pas acceptable.»

Fredericton affirme que ces changements ont également pour objectif de «regrouper l’expertise professionnelle semblable au sein du gouvernement afin d’améliorer la collaboration».

Le mandat et les responsabilités législatives du bureau de la médecin-hygiéniste demeureront les mêmes et «aucune mise à pied ne découlera de la restructuration», assure le gouvernement.

Les inspecteurs en santé publique et les inspecteurs agroalimentaires seront mutés au ministère de la Justice et de la Sécurité publique.

La direction de la pratique en santé publique et de la santé de la population sera quant à elle intégrée au ministère du Développement social.

Finalement, la direction des environnements sains sera intégrée au ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux.

Selon Fredericton, la nouvelle structure du bureau sera semblable à ceux d’autres provinces de l’Atlantique, ce que ne nie pas M. Coon.

«Ils ont essayé ça en Nouvelle-Écosse et ça n’a pas fonctionné. Pourquoi prendre les mêmes mauvaises décisions alors que ça fonctionne déjà parfaitement bien ici.»

Le Parti libéral avait promis en campagne électorale d’accorder plus d’indépendance à la médecin-hygiéniste en chef, sans jamais expliquer comment il allait s’y prendre.

Le ministre Boudreau a indiqué vendredi que le gouvernement n’avait nullement l’intention de renier sa promesse.

«L’engagement envers l’indépendance du bureau va se concrétiser très prochainement», dit-il.

«Ça va venir sous peu. L’Assemblée législative reprend le 24 octobre et, d’ici là, nous allons pouvoir nous attaquer à cet engagement-là.»

Après avoir renvoyé la titulaire du poste, Dre Eilish Cleary, dans la controverse en 2015, le gouvernement s’éloigne encore de sa promesse avec cette restructuration, constate plutôt David Coon.

«Il semble que (le gouvernement) a peur du poste de médecin-hygiéniste», résume Brian Macdonald.

Dre Cleary a été remplacée de façon intérimaire par Dre Jennifer Russell. Selon le ministre de la Santé, la recherche d’un remplaçant permanent débutera dès que les changements pour garantir l’indépendance du bureau auront été adoptés.

MM. Coon et Macdonald craignent toutefois que la médecin-hygiéniste n’ait pas suffisamment de ressources pour faire son travail même si Fredericton finit par trouver un moyen d’assurer son indépendance.

«Peut-être réaliseront-ils leur promesse de rendre la médecin-hygiéniste en chef plus indépendante du ministre (de la Santé) en ne lui accordant pas suffisamment de ressources pour faire son travail correctement ou pour travailler sur des sujets politiquement sensibles pour le gouvernement.»

«Ils vont garder le titre, mais sans ressource. On ne peut pas faire son travail sans ressource», mentionne M. Macdonald.